Madame Van Hopper séjourne à Monte-Carlo avec sa « dame de compagnie ». Quand cette dernière fait la connaissance du séduisant Maxim de Winter et qu’elle a l’occasion de passer du temps avec lui, elle en tombe amoureuse et accepte, plutôt que de partir pour New York avec sa patronne, de l’épouser. La jeune femme n’est pas sans savoir qu’il est l’heureux propriétaire de la célèbre propriété Manderley et qu’il a perdu sa première épouse un an auparavant dans des conditions qu’il garde secrètes. C’est d’ailleurs dans l’ombre angoissante de celle-ci qu’elle vit dans sa nouvelle demeure. Rebecca, belle, intelligente, adorée, admirée de tous, qui faisait ceci ici, cela à telle heure habite encore les lieux et lui rappelle sans cesse combien elle est différente et peut-être même indigne de Maxim. Le comportement de Mrs Danvers, la gouvernante, ne fait qu’accroître son mal être. Si la nouvelle Mrs de Winter trouve un certain soutien auprès de Bee, sa belle-sœur, ou de Frank, l’associé de son époux, son quotidien n’est pas comme elle l’avait entrevu. De plus, Maxim, devenu maussade, mélancolique, n’est plus celui avec lequel elle s’est amusée pendant leur lune de miel. Jusqu’au jour où le naufrage d’un navire dans la baie fait basculer ce triste équilibre…
Rebecca est le roman le plus connu de Daphné du Maurier. Publié pour la première fois en 1938, il n’a jamais cessé d’être réédité depuis. Sa phrase d’ouverture est des plus célèbres : « Last night I dreamt I went to Manderley again » (« J’ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley »). Considéré comme un roman gothique, il possède en effet une ambiance mystérieuse et pesante qui a plu à Alfred Hitchcock et dont l’adaptation cinématographique pas moins réputée a remporté l’Oscar du meilleur film en 1941. Une des particularités de ce monument de la littérature est que la narratrice, la deuxième Mrs de Winter donc, n’a pas de nom. Si Daphné du Maurier a dit manquer d’inspiration pour lui en trouver un et que cela fut ensuite un défi d’aller de cette façon jusqu’au bout de son histoire, elle lui a en réalité rendu un grand service. En lui ôtant toute identité, toute possibilité d’exister en dehors des comparaisons avec Rebecca, en la rabaissant ainsi, elle lui a en fait donné toute sa consistance.
Inspiré de la jalousie que l’auteur éprouvait pour la première fiancée de son mari (Jan Ricardo), Rebecca est né en Égypte et Manderley, également vrai personnage de ce récit, s’inspire de deux maisons dans lesquelles a séjourné Du Maurier. Dans sa fine et envoûtante complexité, ce classique très noir soulève de nombreuses de questions. Par exemple, Rebecca était-elle réellement comme elle est décrite ? Les rebondissements mènent-ils à de vraies révélations ? Il y a, à chaque lecture, à chaque pensée pour Rebecca, pour cette histoire de manipulation et de meurtre, quelque chose à découvrir, à remarquer, à comprendre, qu’il faudrait remettre en question. En somme, cette œuvre est fascinante pour l’éternité, hante à tout jamais quiconque s’en éprend. Il faut remercier les éditions Albin Michel et Anouk Neuhoff pour la nouvelle traduction de ce pilier de la littérature parue en 2015 grâce à laquelle une quarantaine de pages a été restituée au lecteur français. Surtout qu’elle peut aussi s’accompagner de l’excellente biographie de Daphné du Maurier, Manderley Forever, écrite par Tatiana de Rosnay. A noter également, deux romans : celui de Susan Hill intitulé Mrs de Winter (La malédiction de Manderley) paru en 1993 et celui de Sally Beauman, Rebecca’s tale, paru en 2001. Passion, quand tu détiens les plumes et les âmes !
Présentation de l’éditeur :
Une longue allée serpente entre des arbres centenaires, la brume s’accroche aux branches et, tout au bout, entre la mer et les bois sombres, un manoir majestueux : Manderley, le triomphe de Rebecca de Winter, belle, troublante, admirée de tous. Un an après sa mort, son charme noir hante encore le domaine et ses habitants. La nouvelle épouse de Maxim de Winter, jeune et timide, pourra-t-elle échapper à cette ombre, à son souvenir ? Immortalisé au cinéma par Alfred Hitchcock, le chef-d’œuvre de Daphné du Maurier a fasciné depuis sa parution plus de trente millions de lecteurs à travers le monde. Comme Les Hauts de Hurlevent ou Jane Eyre, Rebecca est devenu un des mythes de la littérature. Paru pour la première fois en France en 1940, le livre est ici présenté dans une nouvelle traduction d’Anouk Neuhoff qui restitue toute la puissance d’évocation du texte originel et en révèle la noirceur et la complexité dramatiques.
Du même auteur :
Superbe chronique qui regorge d’infos qui donnent envie de se plonger dans cet univers gothique et son ambiance si particulière.
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Merci ^^ Il faut que tu le tentes ou le retentes 😀 😀
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Ce roman fut une révélation pour moi, l’an passé ! 🙂
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Il est magnifique !!
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Une bien jolie chronique qui donne envie de lire ce livre 🙂
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Merci ! 🙂 Vivement que je me plonge dans la biographie!
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Une auteure que j’ai beaucoup aimé en son temps…
Je pense que j’ai préféré « L’auberge de la Jamaïque ».
Bon weekend.
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Bon weekend à toi aussi ! Jamaica Inn pour relecture bientôt !
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Depuis le temps que j’en entends parler, il faudrait vraiment que je lise ce livre!!
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Oh oui !!!!!! Je te souhaite une belle future lecture!
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Quelle belle chronique ! C’est un classique que je veux absolument découvrir. J’ai le livre de Tatiana de Rosnay dans ma PAL. Merci pour l’info concernant le Susan Hill. J’adore l’auteur.
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Merci, c’est gentil! Je suis certaine que tu vas aimer! 😀 J’ai pensé à toi quand j’ai lu un article à propos du Susan Hill. D’ailleurs, je me le suis commandé et j’espère qu’il va vite arriver!
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la fin m’a laissée perplexe moi aussi et je me suis dit : alors toutes les impressions, les sensations qu’avait eues la narratrice étaient faussée par sa vision de Rebecca ? Finalement le lecteur est aussi troublé par l’amour fusionnel et le chagrin qu’il croit lire en Maxim de Winter. Merci pour le challenge 😉
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C’est un très beau challenge! 😀 Je crois que je me demanderai toujours qui dit la vérité sur Rebecca…
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