Rien ne s’oppose à la nuit

Rien ne s’oppose à la nuit commence quand Delphine de Vigan trouve le corps de sa mère qui repose depuis plusieurs jours sur son lit, sur le côté, l’oreille collée à une petite radio. Rien ne s’oppose à la nuit se termine de nouveau au moment de cette traumatisante découverte et un peu après. Entre temps, l’auteur des Heures souterraines ou de No et moi raconte Lucile, les parents de celle-ci, ses frères et sœurs. Elle raconte sa famille, se raconte elle un peu aussi, ses enfants, fait ainsi ressortir les concepts de génération, de relations familiales, de transmission qui fascinent toujours. Delphine revisite le passé, fouille, questionne, découvre, comprend. Et écrit. En sachant qu’elle est à la recherche de quelque chose d’inaccessible. En sachant qu’elle va sans doute blesser les siens. Mais voilà, il y a ce besoin personnel, intime, d’écrire, ce besoin qui doit la mener à une résilience plus que nécessaire.

Le titre Rien ne s’oppose à la nuit « est tiré de la chanson « Osez Joséphine » écrite par Alain Bashung et Jean Fauque ». Delphine De Vigan en qualifie sa beauté de « sombre et audacieuse ». C’est en effet ainsi qu’il faut voir cet ouvrage. Car l’entreprise, aussi fascinante et entraînante qu’elle peut être pour le lecteur, est très courageuse de la part de l’écrivain qui doit alors vivre ou revivre les moments de beauté, de bonheur comme les moments les plus tragiques. Qui donne l’impression de remonter des courants d’une grande violence qui la frappent, la projettent sans cesse sur les côtés. Sans qu’elle abandonne. Accidents, suicides, folie, adultères, divorces, peut-être l’inceste aussi, passent au milieu des séances photos pour des magazines, des naissances, des repas tous ensemble, des vacances, des fous rire, des études, des premiers amours, du premier roman… Lucile, Liane, Tom, Justine, Violette, Barthélémy et les autres sont terriblement attachants et éclatants sous une plume magnifique. Une plume qui aurait rendu chacun d’eux tout aussi fort et touchant même s’ils n’avaient été que pure fiction. Quel hommage absorbant, à la fois bouleversant et lumineux !

Rien ne s'oppose à la nuit GF

Présentation de l’éditeur :
Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence.


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