C’est lundi, je dépoussière… Max

C'est Lundi, je dépoussière..

Chaque lundi, Entre Les Pages vous propose un ancien article dont le texte et la mise en page ont été rafraîchis. De belles redécouvertes au programme ! Aujourd’hui, place à…

Max de Sarah Cohen-Scali

En 1935, Heinrich Himmler lance son projet appelé « Lebensborn » (Source de vie). Ce programme a pour but de créer des enfants de pure race aryenne entre des SS et des femmes répondant aux critères physiques aryens. Une fois mis au monde, les enfants sont pris en charge par le régime nazi puis adoptés. Mais « Lebensborn » s’occupe aussi de « transformer » des enfants nés de mariages mixtes en vrais petits allemands et d’enlever à leur famille des enfants d’autres pays sous la domination allemande comme la Pologne ou la Norvège. Des milliers d’enfants sont victimes de cette organisation. Max, lui, en est le prototype parfait et voilà qu’il raconte son histoire. Tout d’abord depuis le ventre de sa mère où il décide de ne pas naître avant le 20 Avril, date où le Fürher lui même est né, puis de sont point de vue de bambin et enfin de jeune adolescent allemand conçu pour vivre uniquement dans l’idéologie nazie et pour en servir l’idéologie. Traître, infiltré qui doit convaincre les nouveaux arrivants que « l’école » dans laquelle ils sont est « géniale » ou qui aide les autres à monter dans les trains pour les camps, espion aussi à ses heures, celui qu’on a rebaptisé Konrad est un être aussi touchant, parce que rien n’est de sa faute, que méprisable.

Cet enfant est présenté comme un dessein, un calcul, rien en lui ne semble ni beau ni humain. Seules les rencontres, les rapprochements avec certains camarades et surtout sa relation avec Lukas, un juif qui a réussi à se faire passer pour un aryen, font ressurgir, étape par étape, son essence. A son insu, son corps et son esprit changent. Il arrive à Max de pleurer ou de se venger après la mort d’un copain. Sans qu’il soit vraiment conscient du monde dans lequel il vit, l’amitié et la compassion prennent doucement le pas sur statut de robot. Max, le roman, est une initiative grandiose, importante, choquante qu’il est impossible d’abandonner et qui n’abandonnera jamais aucun lecteur. Perturbant et saisissant, il se lit comme s’écoute un témoignage, une révélation qu’il est difficile de croire tant elle fait mal : les yeux grands ouverts, le corps lourd et incapable de bouger. L’esprit s’emplit d’images, d’horreurs mais heureusement aussi du courage de ceux qui ont bravé l’indicible, ceux pour qui il faut continuer d’écrire, de dire, de voir.

Max

Présentation de l’éditeur :
« 19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Fürher. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l’on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l’enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d’autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d’aimer. Heil Hitler! Max est le prototype parfait du programme « Lebensborn » initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l’Allemagne puis l’Europe occupée par le Reich. Une fable historique fascinante et dérangeante qu’on ne peut pas lâcher. Une lecture choc, remarquablement documentée, dont on ne sort pas indemne.

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