Sula

Sula a été lu avec le club de lecture pour la rencontre du mois de janvier 2020.

Sula et Nel sont deux petites filles noires qui grandissent ensemble. Elles vivent à Medallion, plus précisément sur des terres appelées « The Bottom » et jadis offertes à un ancien esclave pour son côté impraticable. Qu’à cela ne tienne, une communauté solide s’est constuire sur The Bottom. Elle est aujourd’hui menacée par l’arrivée d’un terrain de golf.

L’histoire de Sula et Nel commence dans les années 20 et se termine en 1965. Elles sont entourées de Shadrack, traumatisé par la Première guerre mondiale ; d’Eva, la grand-mère de Sula qui n’a plus qu’une seule jambe ; d’Hannah, la mère de la jeune fille ; d’Helen, la mère de Nel. Il y a aussi Plum, Chicken Little, Ajax ou encore les Deweys.

Les Deweys – ou les deweys sans majuscule ! – sont des garçons adoptés, ou du moins pris en charge, par Eva et qu’elle appelle par le même nom. Les garçons ne se ressemblent pourtant pas du tout. Ils forment une horde, restent à tout jamais des enfants, des petites bêtes sauvages sans identité. Ils existent pour démontrer qu’un individu a besoin d’exister par soi-même.

Exister par soi-même et pour soi-même, c’est ce que Sula décide de faire en quittant Medallion. Nel, elle, reste et accepte la condition qui lui a été assignée depuis toujours en devenant une épouse et une mère. Sula a toujours été différente des autres à Medallion. Elle est encore plus à l’écart lorsqu’elle revient des années plus tard. Déjà synonyme de scandale, elle est décrite comme un esprit malin. Libre, en accord avec elle-même, prise au piège nulle part comme Nel, Sula affirme que ceux qui la détestent aujourd’hui l’adoreront plus tard.

D’un autre côté, la peur générée par la présence de Sula rétablie une harmonie qui avait disparu de Medallion : une mère s’occupe de son enfant, les femmes gardent leur maris près d’elles. Il y a cependant là comme un désir de montrer qui est moralement supérieur.

Sula est le deuxième roman de Toni Morrison (après L’oeil le plus bleu). Le texte est, comme bien souvent dans l’œuvre de l’auteur, très codé, riche, beau, violent, déchirant. Il rend palpable ce qui ne se voit pas. Le lecteur doit sans cesse aller voir derrière les mots, les images, les symboles. Ainsi, il perçoit, ressent, comprend. Ainsi, il est intrigué, gêné, surpris mais toujours conquis. Sula parle du corps, d’identité, de sexualité, de maternité. Du fait d’être noir, d’être une femme, d’être une femme noire. Sula, c’est aussi la folie, l’inévitable, le sacrifice, l’entêtement. C’est l’audace, le message, le guide pour s’extraire du cercle vicieux, infini, prison (du médaillon ?). Toni Morrison est décédée en août 2019.

Présentation de l’éditeur :
Dans l’Ohio des années 20, deux petites filles noires s’inventent ensemble une vie meilleure. Mais l’âge venant, tandis que Nel se plie à son rôle de mère et d’épouse, Sula choisit de conquérir ailleurs sa liberté. Pour tous, elle devient la scandaleuse, la dévoyée. Et doit se défendre, quarante ans plus tard, contre une société soumise à la vérité des autres…

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